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Faire silence
C’est cesser de s’exprimer de façon usuelle, par des mots ou des bruits.
Faire silence en photographie, c’est aussi une façon de cesser de s’exprimer de façon usuelle, par la production d’images.
Tout comme pour les autres modes de silence, le silence photographique peut révéler des aspects, des raisons de nos comportements usuels.
Photographier est pour certains devenu un besoin, un appel irrépressible, un mode de communication avec le monde, une impérieuse nécessité de produire, de nous produire.
Cette façon de respirer nous entraine dans un flux indispensable où nous découvrons petit à petit, et autrement, ce qui nous entoure, qui nous sommes.
Saisir notre caméra, nous en munir, y accrocher son œil, son regard, ses conceptions du monde;.Nous voilà saisis par une forme de dépendance, une drogue.Et comme toutes les drogues, elle est si bonne.Nos chemins photographiques nous ont tous promenés, avant de nous mener dans une forme de rythme, une forme de style.
Mais, qu’il s’agisse de ceux qui en firent profession, ou de ceux qui purent s’offrir le luxe de n’y vivre qu’un plaisir, cette période, cet « âge d’or » de l’impératif, allait croiser celle des rupture de rythmes.
L’épreuve
Souvent, ce sera le regard de l’autre qui déclenchera cette rupture.
Ce regard peut avoir été provoqué ou non.
Avoir été louangeur ou non.
Avoir été vécu comme salutaire ou non.
Mais, dans tous les cas, il trace, tracera son chemin, conscient ou non.
Arrêter, accélérer,
suspendre, s’enthousiasmer,
se lamenter, se vanter ou désespérer.
Toutes les nuances de nos personnalités y trouvent à s’exprimer.
Plusieurs fois.
Jamais de la même façon.
Pas quand on s’y attend.
Ce moment est un autre « instant décisif« ,
mais qui se reproduit souvent,
peut être retouché,
doit être compris.
La crise
Quand ces moments, ces fins d’âge d’or, ces tourments s’invitent dans notre rêve profond de mise en image,nous en refusons d’abord l’évidence.
Nous en dévions les significations, croyant éviter ainsi l’imparable, l’inacceptable.
Nous même.
C’est là que nous nous refusons souvent à considérer, à découvrir que l’objet de notre passion, sa raison, son origine est la quête cachée de notre propre réalité.
Considérer notre étant au monde réel au moyen d’un viseur.
Caractériser cela comme « passion« , « vocation » ou autres alibis, voilà ce qui constitue la réalité de notre drogue.
Voilà ce qu’il nous faut admettre.
Voilà ce qu’il nous faudrait dépasser.
Pour contourner cette agression, nous disposons chacun d’une palette de moyens fournie par nos existences.
la composition de cette palette,
le succès,
la persévérance,
la foi,
l’entêtement,
la liste complète aurait l’épaisseur des dictionnaires.
Mais, dans ce type de crise, comme pour les autres, une chose est sûre, l’évitement se paie au prix des rechutes.
Rechutes dont rien ne protège vraiment, pas même les cures les plus sophistiquées.
Car pendant ce temps là, notre action de photographier continue, comme « la vente pendant les travaux ».
« Bon sang, mais c’est bien sûr! »
Ne plus avoir envie, pouvoir, savoir photographier.
Combien de fois avons nous ressenti ce manque affreux?
Infirmité soudaine?
Impuissance fatale ?
Nous avons tant cherchés les moyens d’y faire face?
Les rechutes nous ont plongés dans un état proche du désespoir, du renoncement?
Combien de fois avons nous cherché à quel saint nous vouer pour conjurer ce qui avait bien l’air dêtre une fatalité tragique?
Ce temps qu’il a fallu pour trouver comment retrouver le plaisir, la manière, le talent de photographier?
Que nous faudra-t’il encore pour comprendre qu’il nous faut passer par :
« LE SILENCE PHOTOGRAPHIQUE »
À bientôt.
Bernard.